S. m. (Morale) Les noms de maîtres et de serviteurs sont aussi anciens que l'histoire, et ne sont donnés qu'à ceux qui sont de condition et de fortune différentes ; car un homme libre se rend serviteur d'un autre, en lui vendant pour un certain temps son service, moyennant un certain salaire. Or, quoique cela le mette communément dans la famille de son maître, et l'oblige à se soumettre à sa discipline et aux occupations de sa maison, il ne donne pourtant de pouvoir au maître sur son serviteur que pendant le temps qui est marqué dans le contrat ou le traité fait entr'eux. Les serviteurs mêmes, que nous appelons esclaves, ne sont soumis à la domination absolue et au pouvoir arbitraire de leurs maîtres que par infraction de toutes les lois de la nature. (D.J.)

SERVITEUR, (Théologie) terme qui, dans l'Ecriture-sainte, se prend en divers sens.

1°. La signification la plus commune emporte avec soi l'idée d'esclave : car anciennement chez les Hébreux et les peuples voisins, la plupart des serviteurs étaient esclaves, c'est-à-dire, absolument assujettis à leur maître, qui avait droit de disposer de leurs personnes, de leurs corps, de leurs biens, et même de leur vie dans certains cas.

Les Hébreux avaient de deux sortes de serviteurs ou d'esclaves, comme il parait par le Lévitique, c. xxv. Ve 44. et seq. Les uns étaient ou étrangers ou achetés, ou pris à la guerre, et leurs maîtres les gardaient, les échangeaient ou les vendaient, en un mot en disposaient comme de leurs biens. Les autres étaient des esclaves hébreux qui vendaient leur liberté, pressés par l'indigence, ou qui étaient vendus pour leurs dettes, ou étaient livrés pour être esclaves par leurs parents, dans les cas de leur nécessité. Ces sortes d'esclaves hébreux ne demeuraient en esclavage que jusqu'à l'année du jubilé. Alors ils pouvaient rentrer en liberté, sans que le maître put les retenir malgré eux. Que s'ils restaient volontairement chez leur maître, on les amenait devant les juges, ils y faisaient leur déclaration qu'ils renonçaient pour cette fois au privilège de la loi ; on leur perçait l'oreille avec une alêne, en les appliquant au montant de la porte de leur maître ; et dès-lors ils ne pouvaient plus recouvrer leur liberté, si ce n'est en l'année du jubilé qui se célebrait au bout de 49 ans.

2°. Serviteur se prend aussi pour marquer un homme attaché au service d'un autre par choix et librement, par inclination : comme Josué était serviteur de Moïse, Elisée d'Elie, Giezi d'Elisée, S. Pierre, S. André et les autres de Jesus-Christ.

3°. Serviteur se met souvent pour les sujets d'un prince. Les serviteurs de Pharaon, les serviteurs de Saul et ceux de David sont leurs sujets en général, ou leurs officiers et leurs domestiques en particulier. De même aussi les Philistins, les Syriens et plusieurs autres peuples sont appelés dans l'Ecriture serviteurs de David, parce que ce prince les avait soumis et qu'ils lui payaient tribut.

4°. Les serviteurs de Dieu, les serviteurs du Seigneur sont les prêtres, les prophetes, ceux qui font profession d'une piété particulière. On donne souvent à Moïse le nom d'homme de Dieu, de serviteur de Dieu par excellence ; et S. Paul prend aussi lui-même cette qualité.

On se donne quelquefois à soi-même, dit M. de Voltaire, des titres fort humbles, pourvu que l'on en reçoive des autres de fort élevés. Le pape s'appelle lui-même serviteur des serviteurs de Dieu. Un bon prêtre du Holstein écrivit un jour à Pie IV. à Pie IV. serviteur des serviteurs de Dieu. Il alla ensuite à Rome solliciter son affaire, et l'inquisition le fit mettre en prison pour lui apprendre à écrire.

5°. Dans l'Ecriture, serviteurs ou esclaves, opposés à libres et aux enfants des promesses, marque les Juifs par opposition aux chrétiens. Les Juifs n'étaient que les esclaves figurés par Agar et par Ismaèl ; les chrétiens sont les enfants de la liberté figurés par Sara et par Isaac, comme S. Paul l'établit dans ses épitres, et surtout dans celle aux Galates. Calmet, Dictionnaire de la Bibl. tom. III. pag. 545.

SERVITEURS, s. m. pl. (terme de comm. de Chirurg.) on appelle serviteurs ou garçons, chez les maîtres chirurgiens de Paris, ceux qu'on nomme compagnons chez les maîtres de communautés des arts et métiers. Les garçons ou serviteurs peuvent aspirer à la maitrise, et être admis à faire le grand chef-d'œuvre quand ils ont servi six ans consécutifs chez un des maîtres, ou sept ans chez plusieurs. (D.J.)

SERVITEUR, en terme de Raffinerie, sont des ouvriers loués à l'année, qui sont sous les ordres du contre-maître, et doivent lui obéir sans replique. Il faut que ce soit des hommes forts et robustes, pour supporter les grandes fatigues d'une raffinerie. C'est pour cela qu'on les nourrit sans leur épargner ni pain, ni vin, ni bonne chère. Ils s'engagent pour un an. On ne peut les renvoyer qu'après ce terme, à-moins que ce ne soit pour cause de bassesse ou d'infidélité.